Les sculptures de Gilles Arnould s’imposent dans leur immobilité, dans leur présence hiératique. C’est une ethnie improbable qui se dresse devant nous : cyclopes, guides, veilleurs, silhouettes. L’ensemble du travail est un foisonnement de rythmes et de stries, de dégradés de noirs calcinés, de gris et de blancs.

La matière, débitée à la tronçonneuse est façonnée, gravée, brossée, devenue matière-surface, brute ou polie, lisse ou granuleuse. L’outil impose des entailles profondes, graphismes, traces, série d’épures allant du singulier vers l’universel. Des bois, de différentes essences, bouleau, frêne, chêne, châtaignier, matières vivantes à l’origine avant de devenir forme-symbole d’une matière constituée entièrement de nature.

Les volumes s’inscrivent dans une créativité foisonnante, liés aux turbulences de la matière et certaines pièces ont des fenêtres de visée, portes ouvertes vers des repères lointains. Pièces en équilibre, volumes, arêtes, formes sculptées sont plantées entre ciel et terre, figées, face à nous, autour d’une gravitation improbable.

La forme affinée et rugueuse résonne avec l’espace et l’efficacité linéaire de la courbe s’accorde à la sobriété des volumes. L’ensemble des œuvres trouve sa juste correspondance formelle dans sa propre histoire avant de se rendre en partie sous la noirceur du feu pour devenir enveloppe immatérielle.

 

Jean-Paul Dubois, commissaire d’exposition.